PMA : pour certaines femmes, «c’est aussi à nous de poser des limites»
Le profil de certaines femmes souhaitant devenir mères dans un parcours de procréation médicalement assistée suscitent des débats parmi les médecins biologistes et les gynécologues.
«On pensait que les demandes émanant de femmes seules seraient marginales. Ce n’est pas du tout le cas», glisse ce médecin biologiste qui préfère garder l’anonymat, de peur que certaines de ses patientes se reconnaissent. Dans ce centre PMA (procréation médicalement assistée) situé dans un grand hôpital de la région parisienne, depuis début janvier, le nombre de femmes célibataires désirant se lancer dans une maternité en solo surprend les équipes médicales. Elles étaient déjà plus nombreuses (1 316) que les couples (1 171) entre le 1er août au 15 octobre 2021 selon les données de l’Agence de biomédecine.
«Certaines ne sont pas encore très à l’aise avec l’idée d’élever un enfant seule. Elles culpabilisent beaucoup. Avec mes collègues, nous tentons de les mettre en confiance, nous sommes là pour les accompagner» rapporte ce médecin biologiste qui émet néanmoins quelques réserves sur certains profils.
«Nous avons vraiment besoin d’en discuter entre nous car c’est aussi à nous de poser des limites», commente-t-il.
Des comités d’éthique lorsque des interrogations émergent
Parmi ses patientes, certaines ont ainsi suscité le débat au sein des équipes médicales. « L’autre jour, nous avons reçu une femme, déjà mère elle-même et dont le compagnon ne voulait plus être père. Elle voulait donc faire une PMA, avoir un don de sperme tandis que lui l’attendait dans la salle d’attente pendant la consultation », raconte ce médecin.
Un autre jour, c’est une femme avec « trois enfants de trois pères différents » qui avait pris rendez-vous. « Elle en voulait un quatrième par PMA. Je ne veux pas donner l’impression de juger, c’est un sujet délicat et sensible, mais dans le fond, cela nous a un peu inquiétés par rapport à l’avenir de l’enfant à naître », poursuit-il.
À noter que les hôpitaux français disposent localement d’un comité d’éthique regroupant des médecins, des soignants, des non soignants, des représentants des usagers et des membres de la direction, qui se réunit plusieurs fois par an pour statuer lorsque des interrogations émergent. Au sein de l’Agence de biomédecine, un « conseil d’orientation » peut également être saisi pour rendre des avis argumentés sur des questions éthiques.
Source: https://www.leparisien.fr/societe/pma-pour-certaines-femmes…