Reproduction: et les hommes dans tout ça?

Les futurs traitements de la stérilité masculine, l’âge paternel et la procréation ainsi que la contraception hormonale masculine ont fait partie des principaux thèmes abordés en fin de semaine dernière à Paris, lors des 17es Journées dela Fédérationfrançaise d’étude en reproduction. « Trente ans après la première fécondation in vitro française, les techniques sont en pleine évolution et le congrès dela FFERest l’occasion de faire le point sur de nombreuses avancées », a déclaré en préambule le professeur Jean-Philippe Wolf, président dela Fédérationfrançaise d’étude en reproduction.

Concernant la stérilité masculine, les spécialistes rappellent que la possibilité d’obtenir des embryons par micro-injection avec un seul spermatozoïde (ICSI) a laissé croire que ce problème était résolu. Or, deux découvertes récentes ouvrent de nouvelles perspectives. La première, émanant d’un groupe parisien (AP-HP), concerne une molécule susceptible d’augmenter les capacités fécondantes des spermatozoïdes in vitro. Il s’agit d’un « analogue d’une molécule naturellement présente dans le sperme et dont la fonction est d’augmenter la mobilité des spermatozoïdes », précise le dossier de presse. Chez la souris, elle augmente de 80 % les taux de fécondation. Elle devrait permettre d’améliorer les taux de fécondation chez l’homme et d’éviter le recours à la micro-injection, toujours traumatisante pour l’ovocyte.

Contraception hormonale

D’autres chercheurs viennent de réussir la greffe d’une cellule souche productrice de spermatozoïdes, toujours chez la souris. Ces travaux tendent à individualiser de telles cellules, à les congeler, à les mettre en culture et à les regreffer ultérieurement. Cela devrait permettre de conserver la fertilité des jeunes garçons non pubères devant être soumis à des traitements de stérilisation pour un cancer. Cela tendra aussi à restaurer la production spermatique chez les hommes dont le sperme est déficient, ce qui est le cas dans 60 % des stérilités du couple.

Quant à la liste des pères ayant eu des enfants à un âge relativement ou très avancé, elle est de plus de plus longue. Certes, les hommes peuvent fabriquer des spermatozoïdes tout au long de leur vie, mais la qualité du sperme n’est pas toujours la même. Une étude récente a montré que le risque de développer une schizophrénie et des troubles compulsifs passe de 2,6 quand le père a entre 25 et 29 ans à 10,2 lorsqu’il a plus de 35 ans. Par ailleurs, le risque est légèrement plus élevé quand l’enfant est de sexe masculin. Les comportements violents sont également plus fréquents chez les enfants de pères âgés, selon une étude suédoise.

Enfin, la demande de contraception hormonale masculine est croissante (66 % des hommes français se disant prêts à l’utiliser). Et il est possible d’y répondre en utilisant des stéroïdes – progestatifs, androgènes – qui inhibent la spermatogénèse. Des études internationales ont confirmé l’efficacité et la fiabilité de ces traitements. Ainsi, chez les couples avec un homme devenu azoosperme (sans spermatozoïdes) et dont la compagne n’avait pas de contraception, il n’y a pas eu de grossesse en 18 mois. Cela a été vérifié au cours de deux protocoles de l’Organisation mondiale de la santé. Trois études chinoises utilisant un androgène injecté une fois par mois l’ont confirmé. Ces techniques ont par ailleurs montré leur bonne tolérance quand les hormones sont administrées par voie cutanée plutôt que par injection. Tant mieux, les hommes n’aiment pas les piqûres !

Les sources